Cet article constitue une synthèse des avis recueillis auprès d’enseignants exerçant dans la communauté de communes, de maires de la Terre des deux caps, de catéchistes, de responsables paroissiaux, de journalistes, d’un médecin, d’une assistante sociale, d’un bailleur social, de témoins de Jéhovah, d’un investisseur dans des fonds de placement et d’un metteur en scène de téléfilms.
Contrairement à l’Afrique, où l’appartenance à une confession (Christianisme ou Islam), indissolublement liée à une appartenance familiale, clanique, tribale et ethnique est indispensable à l’individu pour des raisons de simple survie, la France a violemment rompu avec l’église catholique en 1793 et l’appartenance affichée à cette organisation a même souvent constitué un handicap dans la carrière des hommes politiques et des hauts fonctionnaires dès la seconde moitié du XIXe siècle.
La télé et la théologie
Un matérialisme amoral est intrinsèque au but commercial de la télévision, et celle-ci constitue la principale source d’enseignement pour une majorité de la population, dès le plus jeune âge, en particulier pour les classes sociales les plus démunies intellectuellement. La plupart des films et divertissement télévisuels sont conçus pour être regardés par le plus grand nombre, y compris par ceux qui ne maîtrisent pas le langage.
De plus en plus, ils représentent donc des scènes dites d’action où la parole devient superflue et où des corps luttent, s’étreignent et souffrent dans un univers de cauchemars infantiles constitués de meurtres, de maladies, d’accidents, de combats et de catastrophes de toute nature. En revanche, les émission nécessitant la compréhension de concepts abstraits sont de plus en plus réservées à quelques chaînes spécialisées.
Après quelques années de cure quotidienne de télévision, les capacités de réflexion du cerveau en formation s’émoussent et les effets en sont constatés par les enseignants dès l’école primaire. Il devient donc très difficile de faire comprendre à une partie croissante des enfants les notions théologiques de base, notamment la notion abstraite d’un dieu immatériel et transcendant, sans rapport avec leur réalité. Quant à l’idée de préparer une vie en société sur le long terme, en acquerrant les notions de Bien et de Mal, il est désormais devenu surhumain d’en donner une explication intelligible à des enfants collés quotiennement à un écran de télévision .
Scolarité et catéchisme
Dans les écoles publiques situées sur le territoire de la Paroisse ND des Flots (partie occidentale de la communauté de communes de la Terre des deux caps) (1), on assiste à un phénomène supplémentaire qui se répercute sur l’enseignement du catéchisme: les écoles publiques des villages les plus peuplés et suffisamment éloignés d’une école privée, comme Ambleteuse ou Wissant, tendent à attirer les écoliers des autres communes. D’où une plus grande émulation et la possibilité pour les administrateurs de choisir les élèves. Le niveau scolaire de l’école s’y élève ainsi que celui des classes de catéchisme (les enfants veulent rester avec leurs amis de l’école dans la classe de catéchisme).
Dans les autres villages où les écoles se réduisent et où les classes comportent parfois trois niveaux, des parents luttent avec persévérance pour offrir malgré tout à leurs enfants un bagage culturel et certains même se forment avec eux et pour eux. Mais d’ autres ne peuvent parfois pas donner à leurs enfants ce qu’eux-mêmes n’ont pas reçu. Ces différences de niveau, de maturité et surtout de comportement, qui s’accroissent entre les enfants du même âge, rend l’initiation à la Foi de plus en plus difficile, sinon irréalisable pour les catéchistes bénévoles, même si elles possèdent une longue expérience de l’enseignement.
Le sacrement ou la magie
Les membres du clergé ne cessent de répéter -à juste titre- que le catéchisme est très important, mais ils ne l’enseignent plus et laissent ce soin aux bénévoles. Il constitue pourtant l’initiation indispensable pour maintenir le christianisme dans la population. Beaucoup de familles envoient encore leurs enfants au catéchisme pour qu’ils fassent leur communion, mais savent de moins en moins qu’il s’agit d’un sacrement, c’est-à-dire un serment de fidélité réciproque entre Dieu et sa créature.
La grande question consiste à savoir s’il est nécessaire que le sens du sacrement soit compris par celui qui le reçoit ou bien est-ce un acte de pure magie où le receveur, passif, ignore ce qui lui arrive .
Ensuite, il y a la cérémonie avec la fête et les cadeaux puis, souvent, plus rien avant l’enterrement et quelquefois le mariage et le baptême des enfants.
On s’aperçoit que de simples fidèles, qui sont allés au catéchisme, sans avoir plus jamais ensuite rien lu ni étudié au sujet de la Foi, ne savent pas plus la signification de Noël que de Pâques et encore moins celle de l’Ascension ou de la Pentecôte (sauf à Audresselles, où c’est la fête du crabe).
Le seul réseau ouvert à tous
De ce fait, la gestion spirituelle mais aussi matérielle de la paroisse, qui en découle, revient à un tout petit nombre de personnes bénévoles ayant des capacités intellectuelles et des situations sociales plus élevées que le reste de la population et que les permanents, au salaire très réduit, que l’évêque envoie parmi les bénévoles pour les surveiller (c’est la fonction première de l’évêque de surveiller les fidèles et les prêtres).
Ce sont donc toujours les mêmes bénévoles de la paroisse qui se retrouvent dans les mêmes ensembles et appartenances professionnelles et politiques: les professions libérales, les responsables d’entreprises agricoles ou industrielles, les responsables de syndicats patronaux et de la CFDT, des épouses d’élus DVD etc. Tous les autres sont les bienvenus. Ils pourraient même en tirer un intérêt personnel en faisant la connaissance de personnes qui sont souvent à même de leur fournir des services, un emploi et parfois un logement. C’est encore plus évident dans les agglomérations.
L’église catholique, dans une paroisse de province, reste donc l’accès aux réseaux économiques et de pouvoir le plus ouvert à tous et cet accès ne nécessite que l’ effort d’acquérir quelques notions de catéchisme de base, sans que rien ne soit demandé en retour, pas même une cotisation. Néanmoins, cet effort, la plus grande partie des baptisés du Territoire ne sont pas capables de le faire. C’est donc abusivement qu’ils sont qualifiés d’ »exclus » pour qui l’on prie dans les églises, puisque non seulement ils ne sont pas exclus mais accueillis quand ils le souhaitent.
Dans les zones urbaines où la population est cent fois plus dense que sur le territoire de la Terre des deux Caps, les réseaux catholiques deviennent marginaux par rapport aux réseaux maçonniques d’influence, élitistes par essence et beaucoup moins ouverts puisqu’ ils comportent des grades semblables à ceux de la fonction publique. Mais surtout, les loges peuvent exiger une cotisation annuelle atteignant plusieurs milliers d’euro qui écarte de façon rédhibitoire les nécessiteux. Ce sont donc elles qui fournissent le noyau de l’appareil d’Etat et de la haute fonction publique.
Un autre réseau en formation
Du fait de leur diversité, les organisations mahométanes militantes ont opté tantôt pour créer des réseaux plus fermés encore que ceux des francs-maçons, et même secrets, tantôt plus ouverts. Elles essayent d’amener ou parfois d’obliger les entrepreneurs privés musulmans à se rendre à leur mosquée, à verser des fonds, et insistent auprès des partis politiques pour avoir des candidats éligibles au Parlement et des quotas de fonctionnaires pour distribuer ensuite des places à leur fidèles. Ces organisations aussi veulent se créer une bourgeoisie solidaire.
(1) En France, depuis Napoléon, les diocèses et les paroisses sont calqués sur les divisions administratives.