Rechercher des renseignements compromettants
Grâce à Joseph Fouché, l’ancien oratorien passé de l’enseignement au renseignement, Bonaparte disposait d’ informations compromettantes en suffisance pour écarter ses opposants et promouvoir ceux qu’il tenait en mains. C’est aussi ce qui explique que, pendant tout son règne, il ne pourra se débarrasser de son ministre de la police politique, collant comme la glu, qui le trahira au profit des Bourbons le moment venu.
Du reste Fouché ne se privait pas non plus d’espionner les soeurs de Bonaparte au cas où… et il avait beaucoup de travail pour recenser tous leurs amants.
François Fillon a évoqué le « cabinet noir » de François Hollande, faisant référence non plus à Napoléon mais à Louis XIV et à son chef de la police politique La Reynie. En fait, il n’ y a pas eu besoin de cabinet noir puisque Emmanuel Macron, en tant que ministre des Finances, avait accès au dossier fiscal de Fillon même si, légalement, ce dossier doit rester confidentiel.
Mais la légalité n’est plus qu’un vain mot, aujourd’hui, comme dans toutes les périodes de transition où plus personne ne croit à rien.
Le cabinet noir
Des partisans de François Fillon ont imaginé tout un circuit d’information devenant « le cabinet noir »: François Hollande aurait remis à l’un de ses collaborateurs, G.G., nommé à la présidence grâce à Emmanuel Macron, le dossier fiscal de Fillon pour qu’il soit diffusé par le « Canard enchaîné ».
L’habileté d’Emmanuel Macron est à rechercher ailleurs et notamment dans la façon dont il a su domestiquer les médias en donnant des avantages de toutes sortes à leurs dirigeants, en particulier à Patrick Drahi, le patron de BFMTV, ou à Delphine Ernotte, la patronne de France-Télévision, qui sont désormais cités comme des références en matière de renvoi d’ascenseur.
Les médias et les procureurs sont remarquablement bien coordonnés dans leur action aux dépens de François Fillon et donc au profit de la candidature d’Emmanuel Macron. Mais ils ne sont pas du tout curieux en ce qui concerne les dépenses de celui-ci avec le budget public ni pressés de le mettre en cause.
Comme disait Fabius, « c’est du bon boulot ».
A l’époque de Bonaparte, il n’y avait pas la télévision pour marteler le même message toute la journée auprès de la population défavorisée intellectuellement ni les réseaux sociaux pour les 80% de la population qui savent utiliser internet. Le gouvernement se contentait d’interdire les journaux séditieux.
Donc, aujourd’hui, c’est plus subtil, mais Emmanuel Macron a tout compris et utilisé tous les mécanismes à son profit. Quand il était Premier ministre, François Fillon n’a même pas songé à faire filtrer les candidats au concours de l’Ecole de la Magistrature pour y faire entrer ceux de son bord politique. Pareil pour les écoles de journalisme et les subventions versées aux périodiques qui allaient essayer de le décrédibiliser et le rendre odieux aux yeux des électeurs atteint de la maladie la plus courante: l’Envie.
Tout au désir d’empêcher la candidature de DSK, Sarkozy et Fillon n’ont même pas vu sortir Hollande de son trou et manger le fromage derrière leur dos.
Maintenant, comme nous l’avions annoncé dans un article précédent: »En marche » avec les pensionnaires de maison de retraite », le flot des nouveaux partisans d’Emmanuel Macron a renversé le barrage derrière le ministre socialiste de la Défense Le Drian et l’ancien ministre socialiste Frédéric Cuvillier. De vieilles connaissances de la droite classique veulent aussi avoir part au festin.
Jamais, même lors du retour de De Gaulle au pouvoir, on n’a pu constater un tel afflux de volontaires venus de tout l’éventail politique.
Attention le prophète risque d’être écrasé par cette masse. Mais l’électorat, sidéré par ce spectacle invraisemblable, suivra-t-il comme un troupeau ces élus qui voient en Macron le sauveur de leur prébende ?
Car personne ne sait réellement ce que veut faire Macron qui, comme De Gaulle, a compris qu’il valait mieux dire « Je vous ai compris » que de rentrer dans les détails.
Et maintenant, que va-t-il faire ?
Néanmoins, de ce fatras contradictoire de promesses du chef de « En marche », on peut retenir que non seulement, il a déclaré qu’il voulait maintenir fermement la France dans l’Europe, quoi qu’il en coûte, mais qu’il voulait aussi fermer les frontières de cette même Europe aux grandes migrations humaines et aux produits manufacturés venus des pays à main d’oeuvre bon marché. Il veut créer une police des frontières efficace, comme Trump veut le faire aux Etats-Unis ou comme Napoléon l’a fait, avec le blocus continental.
Comme les pays de l’Est européen sont incertains, il ne peut obtenir ce résultat que s’il domine l’Europe et surtout l’Allemagne, comme Napoléon l’a fait avant lui. Avec lui, les services secrets français seront à la tâche pour glaner des informations sur les faiblesses coupables des politiciens allemands afin de les domestiquer.
Et ce beau dessein risque d’aboutir à des frictions avec les pays sous-développés mais aussi avec les Anglais et les Russes, exclus du système et peu disposés à se laisser dominer par ce nouveau prophète soutenu par des organisations anonymes et difficilement identifiables.